Demain nous fêterons la sortie d’Egypte, lorsque le peuple d’Israël fut libéré de l’esclavage voici trois mille cinq cents ans. Une fête joyeuse, remplie de chansons, de symboles, de conversations entrecoupées. Je m’étais promise de la fêter cette année avec mes parents. Un imprévu mondial nous en empêche.
La légende raconte les dix plaies infligées aux Egyptiens pour convaincre Pharaon de libérer les esclaves hébreux. Deux plaies trouvent un écho particulier. Des maladies. La cinquième, la peste, décima le bétail. La sixième, les ulcères, frappa les hommes. La population égyptienne fut victime des plaies mais aussi de son tyran. Pharaon ne céda qu’après la dixième plaie, lorsque son propre fils fut emporté. Une amie me confiait cette année éprouver de l’empathie envers les Egyptiens.
J’aime une phrase du Lévitique : Tu aimeras l’étranger comme toi-même, car tu as été étranger en terre d’Egypte. Demain nous pourrons espérer la délivrance. Pour tous. La liberté pas seulement pour nous, confinés dans nos appartements chauffés aux frigos pleins, mais la liberté pour les réfugiés de Lesbos et Samos (je garde l’espoir que les paquebots qui croisent habituellement dans le canal de la Giudecca soient réquisitionnés pour les accueillir dignement – voir post du 17 mars https://www.enfermeeavenise.com/post/venise-le-17-mars-2020), la liberté pour les lanceurs d’alerte et pour les prisonniers politiques. Pour les opprimés. Et pourtant, je crains que nos gouvernements aux pleins pouvoirs ne les grignotent, nos libertés. Que les populations appauvries n'acclament des tyrans.
Où et qui serons-nous l’année prochaine ?
Lune immense. Coucher de soleil sur la lagune. Meir Ariel chantait Avarnou et par-o, naavor gam et-ze : Nous avons survécu à Pharaon, nous survivrons aussi à ça.
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