Souvenirs d’un voyage en avion, années quatre-vingts, j’ai une dizaine d’années, un passeport bleu. Les fauteuils moelleux en cuir bleu usé, l’excitation devant le plateau repas, les petits couverts en métal estampillés du S de Sabena. Je me souviens d’une mousse de saumon dans son petit bocal en verre, onctueuse. Des clémentines dont nous lancions les pelures en riant, sans une pensée pour nos voisins. Du verre d’eau arrondi, en verre transparent. De la fumée des cigarettes venant des sièges avant. De la fascination devant l’image en rayon X du contenu de mon sac à dos Snoopy. Hier, sièges rigides, plastic, plastic, plastic et encore plastic. Contenants comme contenu.
Depuis les années deux mille nous nous sommes habitués à obéir. Ouvrir notre sac, en sortir les flacons de shampoing, déposer l’ipad dans un autre bac, jeter la bouteille d’eau, enlever nos chaussures. Et demain ? Quand la crise sera terminée, un jour que l’on espère pas trop lointain, à quoi ressemblera un trajet en avion ? Devrons-nous êtres munis d’une attestation médicale ? Des scanners de température seront-ils placés sur les portiques de sécurité ? Quelles compagnies aériennes auront survécu ? Les compagnies nationales privées auront-elles été sauvées par l’argent public tandis que les vols lowcost seront de l’histoire ancienne ? Greta T. en serait heureuse j’imagine. Qui viendra encore passer un long week-end à Venise – en train de nuit ? L’ouverture de la biennale, initialement prévue fin mai, a été repoussée à la fin aout. Le thème est on ne peut plus actuel : How will we live together?
Comment nous saluerons-nous ? Les deux bises parisiennes lancées dans le vent entre filles, plus rarement entre hommes qui lui préfèrent la poignée de main. La bise unique qui claque à Bruxelles, même entre garçons. Les trois baisers mouillés wallons. En Italie, un bisou loin de la joue accompagne une poignée de main appuyée avec la main droite quand la main gauche sert l'épaule. En Israel, une grande accolade, les garçons ajoutant tapes dans le dos au cri de Ahi ! Mon frère ! Quand la peste nous aura quittés, le contact physique nous aura tant manqué que nous nous jetterons dans les bras les uns des autres. Free hugs à gogo. Ou bien, au contraire, nous serons devenus méfiants et préférerons un Ugh ! apache en levant la main ou une courbette à la japonaise. Des lavabos seront placés à l’entrée des bureaux et des écoles, on y enlèvera nos chaussures et travaillerons en chaussons. Nous serons si habitués à vivre en training, nous ne le quitterons plus. En été, nous laverons-nous les pieds en public ?
Le Président du Conseil italien vient d’annoncer l’instauration d’une phase encore plus dure de confinement. Fermeture de toute la production, à l’exception de l’agroalimentaire et des communications. Interdiction du Lotto et autres jeux de hasard mais les tabacs restent ouverts – ce qui prête à sourire dans cette lutte contre une maladie pulmonaire. En Lombardie, fermeture des bureaux publics, des chantiers et interdiction du sport. Les ouvriers ont aussi le droit d’être protégés finalement. Chiffres alarmants. 42.681 malades. 4.825 morts. Quasiment 5.000 malades en plus aujourd’hui. Et des amendes de 5.000 Euros pour les rassemblements.
Quand tout cela finira-t-il ?
Merci Bernard, merci Papa. Love
Tout ceci n’est pas très réjouissant et le final de Fight Club a une beauté apocalyptique.
Mais peut-être reviendrons nous à des produits essentiels sans plastique et nos déplacements seront qualitatifs et non plus quantitatifs .
Mais surtout prémunissons nous d’un Totalitarisme qui nous prend au nez.
Merci de nous faire réfléchir.
Bises
Ton papa qui vous aime.💋
Magnifique blog. Souvenirs du passé, et déjà une vision de l’avenir. Merci !