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  • Séverine

Venise, le 20 mars 2020

Quatre semaines sans école, deux semaines d’isolement, dix jours de confinement total. Les écoles resteront fermées jusqu’en mai. Minimum. Il est de plus en plus évident que le confinement durera au-delà des deux semaines encore prévues. Boule au ventre.


Ces derniers jours, nous avons reçu par la poste quelques nouveaux jouets pour les enfants, nous avons ouvert les cartons munis de gants en caoutchouc et les avons jetés immédiatement. Amazon ne nous livrera pas nos dernières commandes, un puzzle pour Anna, une tente pour Lio, du papier et des cartouches d’encre. Les principales centrales de distribution sont basées autour de Bergame, épicentre du virus. Les livreurs seraient en grève, ils demandent des masques de protection. Nous en avons commandés aujourd’hui, livraison prévue fin avril.


Google Suite Team m’a déjà écrit deux fois pour me prévenir que jusqu’ici ils n’avaient aucun problème. Que le cloud supportait le surplus d’activités, que le service clientèle fonctionnait malgré le manque d’effectif. Ces messages m’inquiètent davantage qu’ils ne me rassurent. Netflix, Youtube et Google ont réduit leur débit en Europe pour ne pas surcharger internet. Ces derniers temps, les communications Whatsapp sont mauvaises. Nous parlons d’acheter des câbles audio pour enfin connecter la chaine stéréo et pouvoir écouter nos CD si Apple Music n’était plus accessible. Il faudrait pour cela prendre le vaporetto et traverser le canal. Ce matin j’ai assisté à l’arrivée du bateau, les gens qui en descendaient étaient quasiment tous masqués et gantés. La peur est palpable.


Je n’ose plus envisager le sevrage de mon fils. Cette période est déjà assez troublée. Sa sieste m’est nécessaire. Et une petite voix me chuchote que si la nourriture venait à manquer, je pourrais toujours le nourrir. Sans parler de booster son immunité. Cet après-midi, j’ai proposé à ma fille de m’accompagner promener Drago. Elle a refusé. Elle a six ans. Elle a peur. Comment sortirons-nous de cet isolement ? Et je suis bien consciente d’être privilégiée. De ne pas avoir de souci financier, de nous alterner mon compagnon et moi, de pouvoir me reposer parfois, d’avoir des enfants drôles et tendres, un chien qui me permet de prendre l’air une heure par jour. Le Gouverneur de Vénétie vient de limiter les sorties à un périmètre de deux cent mètres autour du domicile. En Israel, les promenades se bornent à dix minutes quotidiennes et les autorités pourront enregistrer tous les déplacements de la population. Le virus, la maladie, l’enfermement, l’isolement, le contrôle. Ce soir, cette folie m’angoisse. Il ghetto mi è diventato stretto. Le ghetto m’est exigu.



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