Aujourd’hui nous nous sentons contrôlés, forcés. Enfermés.
Ce matin, une famille pêchait depuis une petite embarcation privée, seule au milieu de la lagune désertée quand un bateau de la police leur a sèchement demandé de rentrer chez eux. Ce soir, pendant que je promenais notre chien, les carabinieri m’ont dit que j’étais trop loin de chez moi – à six cent mètres précisément.
Mon compagnon s’est occupé du ravitaillement. Il a patienté vingt minutes pour rentrer dans le supermarché et en est revenu avec de la farine, des conserves, des légumes secs, des pâtes, du riz. Du papier toilette et des pampers. A l’été 2014, quand notre fille était nouveau-né, nous avions dû affronter un mois et demi de missiles quotidiens sur Tel Aviv. Alors, en guerre, nous avions prévu dans le bunker des bouteilles d’eau, une bouteille d’arak et des chips. Aujourd’hui nous nous préparons à un long siège. Ces jours-ci nous lisons à Anna l’Illiade. Attendons-nous Achille ou Ettore pour nous sauver ?
Pendant que nous restons à la maison à préparer des biscuits, que le campo est une esplanade vide, Mira a concrétisé son projet de livraisons de courses pour les personnes confinées.
Affichettes disséminées proposant un service de livraisons à domicile de courses indispensables et produits pharmaceutiques. "Les volontaires suivront toutes les normes sanitaires nécessaires en portant gants et masques, en utilisant du gel antibactérien durant les courses et à la livraison."
En Israël les écoles sont fermées pour cinq semaines. France et Belgique se préparent aussi à la fermeture générale. Mon fils vient de se rendormir sans que je lui donne le sein. Collé sur des vitrines, sur les portes du vaporetto, un petit message d'espoir anonyme bien utile. "Tutto andrà bene." "Tout ira bien."
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